Saint Pierre, l’évidence et le mystère
Novembre 2021
468 pages
24 euros.
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Thème
De Pierre, né Simon, apôtre du Christ, on connaît généralement les paroles de Jésus rapportées par l’Évangile selon Saint Matthieu, “Tu es Pierre et, sur cette pierre, je bâtirai cette église”, le reniement trois fois avant le chant du coq, la Basilique Saint-Pierre de Rome et la clef du paradis. Saint Pierre aurait également été le premier des papes, bien que ce terme, en ce qui le concerne, apparaisse comme anachronique.
Ce que l’on sait moins de lui est qu’il est aussi l’apôtre le plus cité dans les Évangiles, celui qui incarne le paradoxe du courage et du renoncement, l’humanité profonde, en somme, loin des caricatures d’un saint homme sans défaut. C’est aussi celui qui incarne le mieux, peut-être, la conversion, non pas à une religion, mais à une sagesse nouvelle, la possibilité pour tout être humain de devenir meilleur. C’est enfin celui qui a, dans l’Évangile selon Saint Luc, la mission “d’affermir ses frères dans la foi”. L’auteur nous entraîne à la rencontre de ce personnage historique et spirituel dans un livre passionnant.
Points forts
- Ce livre est audacieux car il entreprend, d’une part, de dresser la biographie de Pierre d’un point de vue à la fois historique, géographique, politique et sociologique en s’appuyant sur le plus de textes possibles, les Évangiles mais aussi les textes apocryphes non reconnus par l’Eglise, ainsi que sur d’autres textes de l’Antiquité, comme l’Histoire des Juifs de Flavius Joseph, un texte écrit vers 70 après Jésus Christ. D’autre part, il offre une interprétation spirituelle des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, et s’appuie, en outre, sur l’étymologie, donnant plusieurs sens aux mots “martyr” ou “amour”, par exemple. En somme, il s’agit d’une biographie à la fois historiquement instructive et spirituellement ou philosophiquement éclairante.
- Bien que long et riche, ce livre n’en est pas moins accessible et se lit rapidement. Le style leste, fluide, parvient à lier toutes les informations pourtant hétéroclites et à en faire un texte très agréable. On apprendra que Pierre parlait principalement l’araméen, qu’il était probablement très robuste, mais aussi apprendrons-nous sur le climat de la Galilée, ou encore sur l’origine de l’obélisque érigé en mémoire de son martyre à Rome. Toutes ces précisions et ces réflexions sont très habilement agencées, ne donnant jamais une impression d’aridité ou d’accumulation de détails techniques, malgré la richesse indéniable du travail de l’auteur.
- L’ouvrage est illustré par des cartes où l’on peut retrouver la ville d’origine de Pierre, Bethsaïde, un plan de la Basilique de Saint-Pierre de Rome, des reproductions de mosaïques du Ier siècle après Jésus-Christ, assorties de commentaires sur les différents types de pêche, ou encore des photographies de sculptures ou de peintures. On pourra aussi trouver, en annexe, un tableau synoptique des mentions de l’apôtre dans le Nouveau Testament. Ces éléments concourent à expliquer de façon didactique à la fois l’histoire de Pierre et sa représentation historique, religieuse, présente dans l’imaginaire collectif.
Quelques réserves
Je n’en vois pas.
Encore un mot...
Un livre audacieux et passionnant qui explore à la fois l’histoire et la portée spirituelle de Saint Pierre. Tout en étant précis et fouillé, il pourra intéresser toute personne désireuse de s’instruire sur ce sujet.
Une phrase
« Il est habituel de voir dans la triple question de Jésus une réponse au triple reniement de Pierre, celui-ci cherchant comme à atténuer la faute que son maître a pourtant pardonnée. Il ne s’agit pourtant pas vraiment d’une réhabilitation, car le Christ, avant sa Passion, a déjà dit à Pierre qu’il « le suivra plus tard » – sous-entendu, sur la voie de la crucifixion. Les deux scènes du reniement et de la profession de foi n’en restent pas moins liées : l’une et l’autre se déroulent d’ailleurs près d’un feu. Mais à la différence de cette nuit où le Christ fut arrêté, Pierre se retrouve ici dans la lumière du matin où tout commence. Dans l’Évangile de Jean, les apôtres voient Jésus pour la troisième fois après sa Résurrection. Ils semblent intimidés. Simon Pierre, inévitablement, se souvient de cette nuit maudite. À la première question de Jésus « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? », il répond : « Oui Seigneur, tu sais que je t’aime. » Mais il ne dit pas « plus que ceux-ci ». Comme si, selon saint Augustin, il adoptait une forme de retenue : comment lui, qui avait renié le Christ, pouvait-il pavoiser en se prévalant d’un amour plus grand que celui des autres apôtres ? Dans le texte grec, le mot « aimer » utilisé par Jésus et celui utilisé par Pierre n’ont pas le même sens. Celui de Jésus possède une dimension spirituelle – agapein / agapân. Il s’agit d’un amour qui « se donne gratuitement », de manière désintéressée, sans attendre de retour : « Il est inconditionnel, accepte l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Il souhaite son bien-être sans profit personnel. Il a de la compassion pour l’autre et l’aime… » Il est en somme l’amour véritable, celui de Dieu pour ses créatures ». pp.120-121.
L'auteur
Né en 1972, Christophe Dickès est auteur, docteur en histoire, spécialiste des relations internationales et du Saint-Siège. Il a également étudié les sciences politiques et la communication digitale et médiatique. Il travaille depuis plusieurs années dans le domaine de la communication et de la propriété intellectuelle. Il est le fondateur de la WebRadio Storiavoce, consacrée exclusivement à l’histoire, où il présente des entretiens et des émissions. Il est également présentateur sur la chaîne de télévision KTO TV, de l’émission “Au risque de l’histoire”. Il a dirigé Le dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège, Robert Laffont - coll. Bouquins, 2013 ; Ces douze papes qui ont bouleversé le monde, Tallandier, 2015. Il est l’auteur de nombreux essais comme L'héritage de Benoît XVI, Tallandier, 2017; Le Vatican, Perrin, 2018.
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